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Neil Datta, spécialiste des mouvements anti-IVG : « La constitutionnalisation de l’IVG serait une avancée fondamentale au plan juridique et symbolique »

Neil Datta est directeur exécutif du Forum parlementaire européen pour les droits sexuels et reproductifs, spécialiste des mouvements hostiles à l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Il observe que la stratégie de ces groupes a évolué, ces dernières années, passant d’un discours anti-IVG à un discours « anti-genre ».
Confrontés à la perspective d’une constitutionnalisation de l’IVG en France, ils se doivent de réagir à ce qu’ils présentent comme une provocation, même s’ils savent que leur cause est plus ou moins perdue. S’ils ne parviennent pas à faire capoter l’initiative, ils vont essayer de plaider en faveur de la constitutionnalisation, en parallèle, du droit à l’objection de conscience. Il faudra donc bien lire chaque ligne du texte voté au Sénat [mercredi 28 février].
Dès l’annonce de la constitutionnalisation de l’IVG, en 2022, les parlementaires français ont reçu des lettres leur enjoignant de s’y opposer, avec un petit fœtus en plastique à l’intérieur. Derrière cet envoi massif se trouvait le Centre européen pour le droit et la justice [ECJL], basé à Strasbourg. Il s’agit d’une émanation de l’American Center for Law and Justice, une grande organisation proche de la droite conservatrice chrétienne, dont le chef, Jay Sekulow, a été l’avocat de Donald Trump lors de sa première procédure de destitution.
Il y a quelques semaines, l’ECJL a lancé une initiative pour récolter des témoignages de femmes qui regrettent leur avortement, qu’ils vont certainement diffuser auprès de leurs relais à l’Assemblée nationale et au Sénat et au sein des réseaux catholiques traditionalistes.
L’écosystème a évolué, en France et ailleurs, et ils cherchent d’autres points d’entrée pour véhiculer leurs idées. Les mouvements anti-IVG, qui ont été créés dans les années 1970-1980 dans tous les pays occidentaux, se sont fait un « relooking » il y a une quinzaine d’années. Ils ont élargi leur champ d’action, passant d’un discours anti-IVG à un discours « anti-genre ». Leurs combats portent désormais sur ce qui touche à la santé sexuelle et procréative (comme l’IVG ou la procréation médicalement assistée, par exemple), mais aussi les droits LGBT et les droits des enfants avec la porte d’entrée de l’éducation à la sexualité. Leur dernier cheval de bataille est la défense de la liberté religieuse, qu’ils considèrent comme un droit humain plus important que les autres.
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